Ça faisait au moins 20 ans (d’habitude, j’exagère toujours un peu mais là, promis, c’est vrai) que je me disais chaque fois la même chose, sur la route du retour d’un séjour à la mer, en passant au-dessus des canaux : « Et mierda, j’ai encore une fois oublié de prendre le temps de faire une balade ici ! »
Ça y est, c’est fait ! Champagne. J’y suis enfin arrivé. On est parti à 6, un matin, sous la flotte de Bruxelles. Initialement, on devait prendre la route à 9h30 avec nos vélos respectifs. Sauf qu’on est dimanche et donc, certains cuvaient encore de la veille. Léger espoir de pouvoir décoller à 10h00, évidemment, c’est à ce moment-là qu’on se rend compte qu’un des porte-vélos n’est pas compatible (on s’est demandé si les constructeurs ne le faisaient pas un peu exprès. En fait, on ne se l’est pas demandé, on l’a constaté). 10h27: on a trouvé une solution. La dernière pote vient d’arriver. On y va. On prend deux voitures. Je suis passager. 11h04 : message whatsapp provenant de l’autre voiture « Fait quand même dégeu non ? »
Je relève les yeux vers le pare-brise. Je suis dans le déni. Je refuse de voir les essuies-glaces aller de droite à gauche. Je réponds. « Je ne vois pas de quoi tu parles ». Pas de réponse.
11h50 : on arrive. Adresse précise : Westkapellestraat 3, 8340 Damme. Petit mouvement vers le ciel : gris mais sans pluie. 19 degrés. Première bonne nouvelle : parking gratos et, détail important, une petite auberge en bord de canal. Tout bénéf pour le propriétaire, tout bénéf pour nous aussi. C’est LA première mousse de la journée. C’est à cause de l’iode hein, ça creuse.
12h06 : « Quelqu’un à une pompe ? ». On attend celui qui n’a pas préparé son vélo avant de partir, il doit remette de l’ordre sur sa bécane. 12h15 : premier coup de pédale. C’est beau, on se marre et on se retrouve à Sluis après une vingtaine de minutes. (Pour info, les chemins sont vraiment tout à fait accessibles, même pour les enfants. Seul petit hic, le balisage n’est pas au top. Il faut une carte ou une appli).
Initialement, ça aurait été vraiment bien qu’on mette nos plans en application : manger dans cette petite ville hollandaise, sur la petite place, le long de l’eau. En soi, l’idée n’est pas vraiment mauvaise. Sauf que Sluis un dimanche de juillet, c’est comme Time Square un 31 décembre. A la seule différence qu’à Sluis il y a des gens qui garent leur grosse bagnole près des restos. Et il y a d’autres gens qui décident alors de poser à côté de ces grosses bagnoles (souvent en s’appuyant dessus, ça coule de source) pour faire une belle photo. On avait donc plus très envie de manger à Sluis. 12h40 : we zijn weg.
14h00 : on arrive à Knokke. Le vélo ça creuse hein. Normalement, on ne peut plus dire cette phrase. Elle a été trop dite dans l’histoire de la phrase. Mais elle est sortie quand même. » Et qu’est-ce qu’on mange à la mer Rémy ? DES MOULES ! »
Alors on a mangé des moules.
Pour choisir le resto pour déjeuner,on a voté. Et on a élu Siska.
15h37 : on remonte sur nos bécanes. C’est pas facile facile. On ne vas pas se mentir. Mais on a pas pris de dessert. On est raisonnables.
15h49 : Tellement raisonnables qu’on s’arrête sans faire exprès (je te jure) devant le glacier de La Poste sur la digue. En moyenne, deux boules par personne. Ce qui veut dire que certains en ont pris une. D’autres trois. Je ne dirai rien de plus. On se pose sur la plage.
16h03 : Direction Ramsekapelle. LE petit village parfait. On s’est même dit qu’un jour on passerait un weekend ici. A quelques kilomètres de l’agitation avec une petite place surmignonne et une terrasse qui n’attendait que nous. Elle attend toujours. On a pas craqué. On est raisonnables.
Quelques virages plus tard et on se retrouve de nouveau sur un site propre, le long des canaux pour les derniers kilomètres de la promenade. C’est le secteur que je préfère. Je reconnais que 15 bornes le long d’un canal c’est pas ce qu’il y a de plus varié. Mais c’est beau. Il y a des moutons et des vaches. Il y a des champs à gauche. Il y a parfois des gens qui nagent dans le canal. Il doit être aussi froid que la glace de La Poste. Il n’y a pas de bruit. Un peu celui du vent mais c’est tout. Il est dans notre dos. On accélère la cadence. On se croit Tom Boonen.
17H07: On passe en dessous de la flamme rouge (imaginaire hein). Et pendant ces 1000 derniers mètres, on a le regard fixé sur la petite auberge du départ (c’est le principe du plat pays). On se dit qu’on mériterait bien une bière. Mais on est raisonnables !